L´élixir d´amour

Résumé

Ambiguïté des sentiments… Louise et Adam se séparent mais ne peuvent se résoudre à la séparation. Aucun n’envisage sa vie sans l’autre. Après s’être trop aimés, ils se détestent trop. Bref, la passion demeure en changeant de forme.

Même si ces intelligences s’expriment lucidement, Adam et Louise sont dépassés par leurs sentiments. Lui prétend vivre très librement mais n’agit que pour se raconter à Louise… Elle, plus en réserve, lui lance un défi, trouver l’élixir d’amour, mais sans savoir si elle satisfait un désir de vengeance ou un désir de reconquête.

À des milliers de kilomètres, en s’écrivant tous les jours, ils cherchent l’élixir d’amour, le moyen de rendre et de garder l’autre amoureux. S’ils se cachent derrière ce jeu, suivi de multiples provocations, ils tentent de comprendre cette force mystérieuse, l’amour qui les a terrassés naguère, l’amour qui s’est éloigné ensuite mais qui les ressaisira peut-être.

Lorsque j’écrivais L’ÉLIXIR D’AMOUR, ce roman épistolaire, j’avais l’impression, puisque n’y retentissait que la voix des héros, de composer un roman théâtral. En l’adaptant pour la scène, j’ai maintenant l’impression de créer un théâtre romanesque. Deux êtres de chair approfondis par les messages introspectifs qu’ils rédigent. Ils écrivent, ils parlent mais ils s’écoutent, se taisent, s’observent.  Et, par le miracle de la scène, si dans l’histoire ils logent loin l’un de l’autre, les voici présents devant nous, accablés de solitude parfois, puis aimantés, tendus vers l’être aimé.

J’espère que le spectacle apportera un juste miroir de nos ambiguïtés amoureuses, tragiques et comiques à la fois. Le miroir de la vie ondoyante.

Eric-Emmanuel SCHMITT

Critiques

L´Obs - « Éric-Emmanuel Schmitt, fin observateur des caprices du cœur. »

Ex-étoile de l'Opéra de Paris, la danseuse et chorégraphe Marie-Claude Pietragalla ajoute une corde à son arc en débutant au théâtre dans une comédie romantique inédite du dramaturge Éric-Emmanuel Schmitt qui lui donne la réplique.

Dans "L'Elixir d'amour", à l'affiche du théâtre Rive Gauche, le duo incarne un couple d'amants fraichement séparés. Lui resté à Paris, elle installée à Montréal dans l'espoir de faire le deuil de cette idylle passionnée, Adam et Louise se lancent dans un échange épistolaire par courrier électronique, chacun à son domicile.

Bien que toujours ensemble sur scène, les deux comédiens ne croisent jamais leurs regards comme l'a souhaité le metteur en scène Steve Suissa. A tour de rôle, ils partagent à haute voix leurs missives reçues et envoyées en mode instantané.

Peut-on transformer une passion blessée en une affection sereine ? Très vite, après les provocations et petits règlements de comptes, les sentiments vont ressurgir, mais seul le dénouement permettra d'identifier celui des deux qui tire réellement les ficelles.

A l'aise dans cet exercice scénique inédit composé de deux solos, Marie-Claude Pietragalla est crédible en amoureuse blessée et réservée. Eric-Emmanuel Schmitt, à la fois auteur et interprète, mène la danse.

"Nos deux personnages se sentent, s'épient mais ne se voient pas. Sans échange de regards, l'exercice est à la fois difficile et captivant", confie à l'AFP Marie-Claude Pietragalla.

"Le théâtre a toujours été au cœur de ma compagnie de danse +Le Théâtre du corps+ créé avec Julien Derouault. Avec cette pièce, je découvre réellement l'univers théâtral. L'expression est différente avec le jeu et la parole, mais le corps est aussi très présent, contraint par la mise en scène", ajoute la chorégraphe.

"Plus on lâche prise, plus on est juste, exactement comme dans la danse", assure-t-elle. "Nous allons jouer 40 fois. Si je suscite l'intérêt, j'aimerais bien poursuivre cette exploration théâtrale qui est un autre mode d'expression".

Avec "L'Elixir d'amour", récit édité chez Albin Michel, Éric-Emmanuel Schmitt, fin observateur des caprices du cœur, souhaite proposer "un juste miroir de nos ambiguïtés amoureuses, tragiques et comiques à la fois".

Le Figaro - « Éric-Emmanuel Schmitt possède une présence solaire »

La joute amoureuse est un grand thème de la littérature. Cette joute s'exprime par l'héroïsme chez Corneille, au cœur de la tragédie chez Racine. Marivaux l'a utilisée dans le vertige jubilatoire. Elle s'épanouit jusqu'à la manipulation dans Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, très souvent adaptées pour la scène.

C'est cet ouvrage qu'Éric-Emmanuel Schmitt a en tête lorsqu'il compose son propre roman épistolaire, L'Élixir d'amour (Albin Michel). Au centre de l'échange, Louise, qui s'est installée à Montréal, demande à Adam, qui est demeuré à Paris, de chercher dans sa bibliothèque un ouvrage auquel elle tient particulièrement, Les Liaisons dangereuses, dans une édition rare, un livre que lui aurait laissé son père. Étrange héritage.

L'autre est, pour l'œuvre d'Éric-Emmanuel Schmitt qui lui emprunte son titre, L'Elisir d'amore, opéra de Gaetano Donizetti sur un livret inspiré de celui qu'Eugène Scribe avait écrit pour Auber, Le Philtre? Cela nous permet d'entendre de belles pages de musique qu'a glissées le metteur en scène Steve Suissa.

La situation? Il est psychanalyste. Elle est avocate. Ils se sont aimés cinq années durant. Mais elle a rompu et mis un océan entre elle et lui. Ils s'écrivent. Il tapote sur sa tablette, elle pianote sur son téléphone.

Sans regards échangés

La scénographie de Stéfanie Jarre est délibérément simple: une double photographie monumentale des deux villes sous ciel bleu avec nuages légers, au fond. De chaque côté, deux petits bureaux. L'un est à jardin, Éric-Emmanuel Schmitt, l'autre à cour, Marie-Claude Pietragalla. Il est dans un costume harmonieux, qui lui donne de l'aisance. Elle a préféré, à la très belle robe rouge imaginée par Pascale Bordet, costumière toujours inspirée et judicieuse, un large pantalon noir à plis et un petit haut noir également. Elle fait très longue dame brune, mais ce noir étouffe tout éclat malgré les lumières tout en tact de Jacques Rouveyrollis.

On l'a dit, Adam et Louise correspondent de manière contemporaine, par courriels. Le dialogue est instantané. La distance est en partie abolie, sauf que, et c'est la grande difficulté de ce genre d'exercice, il n'y a pas de regards échangés entre les deux interprètes, les deux partenaires du plateau. Or, au théâtre, un échange verbal sans regards, c'est terriblement artificiel et froid. Toute la délicatesse du metteur en scène n'y peut rien. D'autant qu'il doit diriger deux artistes dont le métier premier n'est pas l'art de l'acteur.

Éric-Emmanuel Schmitt a déjà joué. Il possède une présence solaire qu'il teinte ici de malice manipulatrice et de tendresse. Il connaît son texte à merveille et l'incarne avec un naturel agréable.

Au premier jour des représentations, Marie-Claude Pietragalla, nouée d'un trac qui accentuait un léger défaut de prononciation sur les chuintantes, était d'une application qui arasait tout sentiment délicat. On sait qu'elle va se libérer. Qu'elle va donner le sentiment d'être heureuse de jouer!

Pour le moment, on suit avec plaisir les pleins et les déliés avec rebondissements du duel. Les fleurets sont trempés dans l'encre du mensonge et des complexités de la passion. […]

Armelie Heliot

Le Télégramme - « Cet « élixir d'amour » ne manque pas de charme »

Difficile de passer de l'écrit à l'oral. Sur scène, un homme et une femme séparés par deux petits bureaux en verre. Elle, brune longiligne, tout de noir vêtue, lui, charnu, un peu engoncé dans son costume trois-pièces. En fond de décor, les photos géantes de deux grandes villes qui pourraient être Paris, New York ou Montréal. La musique d'un tango passionné sert de prologue. De bons mots, de belles surprises. Elle, c'est Louise, interprétée par la danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla qui a toujours mis de la théâtralité dans son expression corporelle et se frotte ici au texte. Lui, c'est l'auteur à succès Éric-Emmanuel Schmitt qui se voyait bien dans la peau d'Adam, le personnage de sa nouvelle pièce, « L'élixir d'amour », dont le titre renvoie au monde lyrique, à ses passions déchaînées, à la force du destin. Pour Adam, il se résume à cette interrogation : existe-t-il un breuvage magique, un moyen infaillible de rendre quelqu'un amoureux ou de le récupérer si on l'a perdu ? De quoi titiller notre curiosité, éveiller notre imagination. Pendant 75 minutes, on assiste au dialogue par mails interposés de deux êtres qui se sont aimés avec passion puis séparés, les laissant KO, incapables de se passer l'un de l'autre. Adam paie sa légèreté, son infidélité vis-à-vis de Louise qui a préféré rompre et partir pour Montréal? Aujourd'hui, il a des regrets. Leur amour peut-il se transformer en amitié ? « D'amants devenir amis et oublier le sexe ? », écrit-il à Louise. « Si l'amitié est le mouroir de l'amour, je hais l'amitié », lui rétorque-t-elle sèchement. « Aménager une immense passion en petit studio cordial ne me tente pas (?), poursuit-elle un peu plus loin. Le lien est recréé, leur correspondance amoureuse va commencer. Méfiante au début, plus sincère ensuite. Et chacun de dire son texte sur scène sur fond de messages envoyés et reçus. Ce duo-duel sentimental rappelle la formule de la pièce à succès, « Love letters », dans laquelle un couple lit ses lettres sur scène. Une mise en scène trop minimaliste À coups de bons mots, de formules parfois précieuses, de surprises bienvenues, Éric-Emmanuel Schmitt dissèque la passion amoureuse et cette étrange alchimie qui peut rapprocher ou éloigner deux êtres. Il observe, amusé, le comportement de deux personnages à l'orgueil blessé : lui prêt à tout recommencer ; elle, sur la réserve, plus entière, plus forte, plus maligne qu'il ne peut l'imaginer. À des milliers de kilomètres l'un de l'autre, ils vont peu à peu se retrouver ou du moins mieux se comprendre. Au-delà des malentendus, des provocations, des ruses, des figures imposées. [… ] Le passage de l'écrit à l'oral est difficile. Reste que cet « élixir d'amour » ne manque pas de charme.

Jean-Luc WACHTHAUSEN

L´Express - « L'Elixir d'amour: sous la romance, le machiavélisme »

Eric-Emmanuel Schmitt partage l'affiche avec Marie-Claude Pietragalla dans la pièce de théâtre épistolaire qu'il a écrite, sur un couple récemment séparé.

Dans un genre couru, le théâtre épistolaire, où chaque personnage lit en fait sa correspondance, Adam, psy parisien, communique avec Louise, dont il est fraîchement séparé et qui s'est installée à Montréal. Adam pense que, grâce au transfert, il peut séduire n'importe quelle patiente : c'est le nouvel élixir d'amour... 

L'auteur est ici à son aise, avec de beaux moments d'écriture chaloupée et une poignée d'aphorismes piquants sur le mariage. Avec Marie-Claude Pietragalla, Eric-Emmanuel Schmitt forme un couple improbable de comédiens non professionnels, mais qui s'appliquent, à la recherche de la sincérité plus que de la performance. Sous la romance, le machiavélisme : la femme manigance tout et, à la fin, l'emporte.

Christophe Barbier

TheoThea.com - « Hyper doués ! »

En s’offrant Marie-Claude Pietragalla comme partenaire de scène, Eric-Emmanuel Schmitt, à la fois, directeur du Théâtre Rive Gauche, auteur de « L’Elixir d’Amour » ainsi que désormais comédien et interprète de sa propre romance, fait une entrée fort remarquée sur les planches où d’emblée il semble évoluer en son « milieu naturel ».

Gratifié d’une stature imposante mais bonhomme, l’écrivain à succès fait preuve d’un charisme spontané en révélant une physionomie souple et élastique dont le sourire respire quasiment la jouissance voire la jubilation d’être ainsi immergé dans une histoire d’amour écrite comme une parabole… mais qui, présentement, pourrait s'apparenter à la sienne !

En ce soir de Première, ce mercredi 14 janvier 2014, le roi ne semble pas son cousin et c’est donc sous les applaudissements du public qu’Adam fait son entrée, côté jardin, en se dirigeant vers le poste de commandes parisien d’où il enverra son premier texto transatlantique à Louise qui vient de le quitter.

Quelques instants plus tard, côté cour, Marie-Claude Pietragalla, en longue dame brune à la voix chaude et grave, rejoint à parité d’applaudissements son compagnon de scène en s’installant par symétrie à son poste d’observation situé à Montréal.

Les voilà donc séparés par la cyber communication mondialisée, ces deux ex-amoureux dont le temps aurait peu à peu rongé la passion originelle.

Quel plus beau jeu de société à distance que la recherche d’un élixir d’amour qui pourrait redonner sens et vigueur à leur entente fusionnelle des débuts ?

Pour cela, il leur faudra subtilement engager la présence d’un tiers qui, à lui seul, synthétisera toutes les tentations que l’autre sexe a le don de démultiplier dès que le terrain de chasse s’emploie à laisser l’espace-temps libre comme l’air… de ne pas y toucher !…

Le recours à la psychanalyse et à sa notion fondatrice conceptualisée par Sigmund Freud en tant que « Transfert » servira de pierre angulaire à ce renouveau conjugal déguisé, pour la circonstance, en véritable jeu de rôles où chacun des deux partenaires tirera les ficelles de liaisons érotiques à géométrie variable.

Ce leurre au féminin pluriel sera incarné par une collègue juriste canadienne de Louise en séjour d’affaires, à brûle-pourpoint, dans la capitale française.

Adam sera-t-il alors le jouet de ses fantasmes libertaires, sensuels et sexuels ? Louise sera-t-elle la victime ou le démiurge de sa mise à distance volontariste ?

Certes, Éric-Emmanuel Schmitt semble se réserver le beau rôle dans ce jeu à trois partenaires, dont un exclusivement virtuel, mais surtout Marie-Claude Pietragalla relève avec superbe ce double défi à la fois de débuter une éventuelle carrière de comédienne et d’autre part d’avoir le talent de récupérer élégamment les marrons du feu, en voyant tomber dans son escarcelle, l’admirateur transi !..

Rideau ! Applaudissements à tout rompre ! Effectivement, Eric-Emmanuel & Marie-Claude sont « à craquer » ! Oui, ces deux-là sont décidément hyper doués !

Le Médiatiseur - « Un vrai régal »

Louise et Adam se sont séparés après cinq ans de vie commune. Pour recommencer une nouvelle vie, elle est partie au Canada et tente de s’épanouir, lui, est resté à Paris et il est un peu plus malheureux.

Mais les deux ne peuvent au final se passer l’un de l’autre et correspondent par mail assez régulièrement car Adam aimerait qu’il reste une amitié entre eux. Un jour, ils évoquent un fameux élixir qui provoque l’amour à coup sûr.

Les voilà alors parti dans leurs recherches et tentatives de mettre en pratique leurs théories chacun à leurs manières.

Voici l’histoire de L’élixir d’amour, pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, qu’il a adapté de son roman du même nom et dans laquelle il joue aux côtés de la grande Marie-Claude Pietragalla. Une affiche alléchante que nous ne pouvions rater.

L’un comme l’autre sont sur les planches d’un théâtre en tant que comédiens pour la première fois. L’auteur nous confiait lors de notre interview […] qu’il avait peur de « ne pas être à la hauteur, saccager le texte mais qu’en même temps il avait très envie d’y être ».

 Rassurons le de suite, il a été à la hauteur de nos attentes ainsi que sa partenaire qui est très envoutante, c’était un vrai régal de voir ces deux-là devant nos yeux. Quant à son envie d’être sur scène, de notre côté, nous avons déjà envie de le revoir dans une autre création car il y a toute sa place.

Grâce à une mise en scène soignée et épurée, nous sommes accrochés aux lèvres des comédiens, car ici c’est bien le superbe texte et les mots de Schmitt qui sont mis en avant. Pas besoin d’artifices autour donc et on remercie Steeve Suissa le metteur en scène d’avoir travaillé de telle manière.

On saluera aussi l’idée, et le défi que ce doit être pour Eric-Emmanuel Schmitt et Marie-Claude Pietragalla, de ne jamais se regarder une seule fois de toute la pièce, après tout, ils sont à des kilomètres l’un de l’autre.

Et nous finirons par un petit mot sur la qualité de l’habillage sonore très réussi et qui termine un ensemble qui ne peut que vous séduire. Entre nous et la pièce, l’Elixir d’amour à très bien fonctionné.

Mathieu

dameskarlett.com - « Captivant c'est le mot. Les deux le sont. »

 Il y a des moments où le temps reste suspendu, où vous ne voudriez que jamais il ne s'arrête. Ce fut le cas lundi dernier lors de la rencontre avec Marie-Claude Pietragalla, dont je vous ai parlée à maintes reprises, ainsi qu'avec Éric Emmanuel Schmitt, juste avant leur représentation.

Un échange verbal pour en savoir plus sur eux, sur la pièce, sur l'interprétation, sur la mise en scène de Steve Suissa. Ils en parlaient avec un tel amour, que les questions étaient presque superficielles.

La pièce « L'Elixir d'amour » est tiré d'un roman épistolaire de M. Éric Emmanuel Schmitt. L'histoire est basée sur l'écoute. Ce fut un défi pour les deux personnages, car jamais Marie-Claude Pietragalla n'avait joué au théâtre. Celle qui nous fait rêver comme danseuse, doit faire passer des émotions différemment cette fois ci. Quant à Éric Emmanuel Schmitt on le connaît plus pour ses écrits.

Lorsqu'il a été proposé à Éric Emmanuel Schmitt de jouer le rôle du protagoniste de son roman, ce fut un challenge pour lui, un défi de plus et comme il aime les relever il a dit banco. Il a de suite pensé à MC Pietragalla pensant qu'elle n'accepterait peut-être pas. Mais cette femme qui se remet sans cesse en cause, a dit oui. Un défi pour elle aussi.

Depuis que les représentations ont commencé, il est très gratifiant pour eux de se retrouver sur la scène du Théâtre Rive Gauche et à l'écoute du public.

Pietra qui avait déjà pris des cours de chant n'a pas eu de mal à poser sa voix, si particulière au demeurant. Elle a été intransigeante, comme elle l’est toujours avec elle, en se filmant jusqu’à arriver à la perfection ou du moins l’approcher.

Les répétitions ont duré 1 mois 1/2 avec le metteur en scène, mais il y a eu des lectures auparavant et il leur avait fallu apprendre le texte pour le maîtriser parfaitement.

J'ai aimé l'ambiance qui règne sur la scène. Jamais les deux acteurs ne se regardent - juste à la fin. Ils jouent sans se voir juste par SMS échangés tout le long du spectacle et qu'ils déclament de manière somptueuse.

Il faut dire que le texte de Éric Emmanuel Schmitt est d'une telle poésie, cet homme est un virtuose des mots, il jongle avec le texte, un maestro des lettres et il vous entraîne dans sa verve poétique. Tel un funambule il est toujours à la limite de la chute et nous donne le vertige. Des textes enivrants jusqu'à la limite de devoir se sevrer de ce que l'on écoute.

Captivant c'est le mot. Les deux le sont.

Marie-Claude Pietragralla est majestueuse et arrive à dire le texte, pourtant parfois périlleux, de façon aérienne. L'habituée de la danse, où il faut être gracieuse, s'en tire formidablement bien et nous entraîne dans son univers de femme blessée. Juste, belle, elle enchante. Même sur scène elle a toujours de beaux ports de bras qui donne encore un autre charme à la pièce.

Quant à Éric Emmanuel Schmitt il est tout simplement magistral. Il clame et déclame son amour d'une telle façon, que l'on voit qu'il aime les femmes, sur scène comme dans la vraie vie.

Une pièce qui se passe dans l'affliction mais tout en gardant une certaine douceur et que l'on regarde avec beaucoup de plaisir et où l'on rit parfois.

Dans « L’Elixir d’Amour », les deux acteurs sont dans l'état, dans un état de grâce je dirai même.

MC Pietragalla est parfois dans la douleur et Éric Emmanuel Schmitt dans le plaisir, mais tout en souffrant tout de même, et plus qu’on ne peut le penser.

En fait à la fin on peut se demander qui des deux a réellement manipulé l'autre. La femme trompée a su trouver le moyen d'attraper dans ses filets l'indomptable et le mener à ses fins.

La musique des mots est présente durant 1 h 15. En effet, le texte est une mélodie qui tout le long vient flatter nos oreilles.

De plus, une mise en scène soignée, un décor sobre. Les comédiens sont juste excellents, mais il est vrai que c’est surtout le texte qui m’a mis en émoi.

On ne ressort pas indemne d'une telle pièce. C’est un sublime spectacle que j'ai pris plaisir à regarder et à écouter.

Il y a longtemps qu'un si beau texte ne m'avait subjuguée. Cette oeuvre théâtrale est une succession - au figuré - entre les deux acteurs, de déboulés, détournés, développés, glissades, jetés, variation pour une personne, pour terminer par un pas de deux.

Outre la musique des mots, on peut également écouter des morceaux de vraie musique qui donnent un sens à la pièce et un certain rythme. On peut y entendre ,"Adios Nonino" d'Astor Piazzolla, "Tristan et Iseult" de Wagner et bien entendu "L'Elisir d'Amore" de Donizetti.

J'aurais tellement aimé avoir le don de maîtriser les mots et cette dextérité comme Mr Éric Emmanuel Schmitt, mais il le fait tellement bien, que c'est une délectation que de savourer ses textes.

 

Dame Skarlett

Onirik - « Un joli moment de théâtre sur le thème de l'amour »

Dans cette correspondance, le sujet se concentre bien vite sur l’amour. Qu’est-ce qui le provoque ? Peut-on le créer volontairement ? Existe-t-il un « élixir » ? Adam est persuadé que son statut de psychanalyste lui offre un moyen infaillible lors de la période du transfert. Mais l’important est-il de créer une passion ou tout ce qui se passe après ?

Eric-Emmanuel Schmitt, auteur français reconnu et apprécié du grand public, monte ici sur les planches accompagné de l’ancienne danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla. L’artiste est pour la première fois sur scène en tant que comédienne, et ses débuts sont réussis : elle a une incontestable présence, elle attire le regard, sa voix résonne, on a envie de l’écouter. Certains la trouveront peut-être un petit peu trop théâtrale à quelques moments, mais ses répliques font mouche, elle fait sourire, elle nous touche, mais elle nous manipule aussi.

Face à cette personnalité forte, Eric-Emmanuel Schmitt n’est pas en reste et nous propose un Adam séducteur, intellectuel, passionné, mais perdu lorsque Louise ne répond pas et attachant. Il nous fait croire à cette histoire entre Adam et Louise, toute en ambiguïtés.

La mise en scène de Steve Suisse est sobre et efficace, même si on aimerait parfois que ce mur invisible entre Adam et Louise tombe et que les lettres deviennent un dialogue yeux dans les yeux. Il faut souligner le superbe décor de Stéfanie Jarre, représentant Paris et Montréal, et dont la transparence permet des jeux de lumière qui nous transportent d’une atmosphère à une autre avec subtilité.

En conclusion, c’est un fort joli moment de théâtre que nous proposent Eric-Emmanuel Schmitt et Marie-Claude Pietragalla, en espérant la retrouver dans d’autres projets au théâtre.

 

 

Louise et Adam se sont aimés, passionnément. Mais Louise a fui à Montréal pour mettre de l’espace entre eux lorsqu’ils se sont séparés, comme pour être sûre de ne pas succomber à nouveau. Malgré cette distance géographique, les deux anciens amants s’écrivent quotidiennement, et Adam ne veut pas laisser Louise partir définitivement et lui demande d’être son ami.

Dans cette correspondance, le sujet se concentre bien vite sur l’amour. Qu’est-ce qui le provoque ? Peut-on le créer volontairement ? Existe-t-il un « élixir » ? Adam est persuadé que son statut de psychanalyste lui offre un moyen infaillible lors de la période du transfert. Mais l’important est-il de créer une passion ou tout ce qui se passe après ?

Eric-Emmanuel Schmitt, auteur français reconnu et apprécié du grand public, monte ici sur les planches accompagné de l’ancienne danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla. L’artiste est pour la première fois sur scène en tant que comédienne, et ses débuts sont réussis : elle a une incontestable présence, elle attire le regard, sa voix résonne, on a envie de l’écouter. Certains la trouveront peut-être un petit peu trop théâtrale à quelques moments, mais ses répliques font mouche, elle fait sourire, elle nous touche, mais elle nous manipule aussi.

Face à cette personnalité forte, Eric-Emmanuel Schmitt n’est pas en reste et nous propose un Adam séducteur, intellectuel, passionné, mais perdu lorsque Louise ne répond pas et attachant. Il nous fait croire à cette histoire entre Adam et Louise, toute en ambiguïtés.

La mise en scène de Steve Suisse est sobre et efficace, même si on aimerait parfois que ce mur invisible entre Adam et Louise tombe et que les lettres deviennent un dialogue yeux dans les yeux. Il faut souligner le superbe décor de Stéfanie Jarre, représentant Paris et Montréal, et dont la transparence permet des jeux de lumière qui nous transportent d’une atmosphère à une autre avec subtilité.

En conclusion, c’est un fort joli moment de théâtre que nous proposent Eric-Emmanuel Schmitt et Marie-Claude Pietragalla, en espérant la retrouver dans d’autres projets au théâtre.

Artémis

Théâtrorama - « Alchimie par horizon »

 

« Lorsque j’écrivais « L’Élixir d’amour », ce roman épistolaire, j’avais l’impression, puisque n’y retentissait que la voix des héros, de composer un roman théâtral. En l’adaptant pour la scène, j’ai maintenant l’impression de créer un théâtre romanesque. » Ce sont quelques mots qui s’écrivent et se lisent sur une région singulière faite d’inflexions tantôt légères, tantôt graves, d’un homme et d’une femme qu’un océan sépare depuis peu. Sous toits parisiens : la fougue bientôt contrariée d’Éric-Emmanuel Schmitt ; sous buildings canadiens : la fragilité bientôt renversée de Marie-Claude Pietragalla. Derrière eux, cinq années d’un amour révolu, et toutes les lettres qui se chargent aujourd’hui de tracer pour eux des trajectoires à réinventer.

Ils rejouent une douce tragédie du tout et du rien, face à des murailles modernes qui s’effritent peu à peu plutôt que de s’ériger. D’un bout à l’autre d’une scène volontairement épurée, en arrière-fond, le panorama conçu par Steve Suissa est continu et les place sous un même ciel. Le faux écran les maintenant loin l’un de l’autre est le reflet diffracté d’un miroir : lui, Dom Juan abâtardi, psychanalyste en transfert ininterrompu, passe de l’écoute aux aveux, de l’assurance aux failles ; elle, plongée dans ses lectures, finira par s’échapper du réel pour tramer une autre intrigue, un hors-scène laissé à la fiction.

Filtrage amoureux

Le réseau est émaillé d’indécisions. Il ne s’agit pas de détailler les certitudes passées, ni de revenir sur les étapes qui ont mené à la séparation de Louise et Adam, mais de deviner les incertitudes logées dans les interlignes de leur correspondance. Pour tout échange, un entrelacs de questions qui ne formulent aucune réponse préétablie. Pianotant frénétiquement par écrans interposés, le couple réduit peu à peu surface, écart et ponctuation. Le dialogue s’articule alors autant grâce aux silences qu’à travers leurs gestes à peine esquissés – dans l’ombre, le « Tristan et Isolde » wagnérien assument par à-coups l’essentiel d’une joute qui se cherche et d’un chemin qui se tisse à nouveau.

Car il reste cette interrogation autour de l’existence d’un élixir miracle qui expliquerait et résoudrait les mystères du coeur, un simple air d’opéra peut-être, au centre du roman d’Éric-Emmanuel Schmitt, et baume insaisissable enchaînant corps et esprits sur scène. Ce qu’ils percent sans même s’en rendre compte, c’est la définition encore inexplorée, instable et insatisfaite, d’une nouvelle passion qui puise ses accents dans l’ancienne.

Et il reste aussi les détails d’un amour en train de se reformuler, mais différemment. À travers de nouvelles histoires qu’ils tentent de vivre chacun de leur côté – de celles qui prennent le risque de l’incolore –, ils ne cessent de protéger leurs liens et les signes visibles de ces liens : un peu de rouge sur un pull, une écharpe, un mouchoir ou une cravate, le vocabulaire amoureux dont ils traquent les moindres métaphores et symboles, et ces mouvements simultanés qui résumeront bientôt l’un à être un écho de l’autre, jusqu’à les confondre, le temps d’une danse.

 

Cathia Engelbach

Esprit Paillettes - « Un beau moment de théâtre et d’élégance qui lance cette seconde saison théâtrale 2014/2015… »

En adaptant son propre roman, L’Élixir d’Amour, Eric-Emmanuel Schmitt se choisit une délicieuse partenaire, en la personne de Marie-Claude Pietragalla. Tous deux expérimentent avec délice et pour la première fois, le métier de comédien sur la scène du Théâtre Rive Gauche. La distance qui sépare ces deux « ex » permet à Schmitt d’explorer toutes les ambiguïtés d’une relation amoureuse, abritée soudainement par celle de l’amitié.

Sur scène, d’emblée, la distance est là, ce troisième protagoniste de l’histoire : Adam et Louise vivant séparés l’un de l’autre. Les blessures de ce couple sont encore à vif. Louise (Marie-Claude Pietragalla) a fui Adam pour Montréal. Ce dernier (Eric-Emmanuel Schmitt) est resté à Paris où il poursuit son métier de psychanalyste et de séducteur impénitent.

Adapter sur scène un récit épistolaire n’est pas une mince affaire. Steve Suissa a choisi un grand panneau visuel en toile de fond, représentant les deux villes dans lesquelles vivent Adam et Louise. A l’extrémité, l’un de l’autre, chacun échange par mail interposé.

La musique classique tient également un rôle important dans cette mise en scène. Elle souligne l’émotion des (nombreux) mouvements de cœur ressentis par les personnages ; elle illustre aussi l’élégance de l’univers quotidien d’Adam et de Louise, tous deux issus d’un milieu bourgeois parisien aisé. L’élégance et la sobriété de la mise en scène de Steve Suissa donc, permettent de profiter du discours cabotin de Schmitt sur l’amour et le mariage, en même temps que le recours à une interprétation gestuelle et poétique très intense de la part de Marie-Claude-Pietragalla.

La révélation « Marie-Claude Pietragalla »

La célèbre danseuse ici se révèle une comédienne d’envergure. Son élégance charnelle sur scène n’est plus à démontrer mais ici elle se double d’une voix charismatique et posée. Une présence digne d’une icône du grand écran italien. Il n’est pas question ici de danser. Pourtant, Marie-Claude Pietragalla va à quelques reprises, exprimer le ressenti douloureux et profond de son personnage à travers des mouvements, des gestes de mains précis, qu’enveloppe une musique classique profonde et allant crescendo.

Mais quel est cet élixir d’Amour dont ne cesse de parler Adam et Louise ? La réponse, il faudra venir la dénicher au théâtre Rive Gauche.

Le couple formé par Eric-Emmanuel Schmitt et Marie-Claude Pietragalla fonctionne bien. L’histoire n’est pas aussi romantique que prévu. Les deux amants, dans le souhait de voir l’autre retrouver l’amour (peut-être aussi pour mieux se dédouaner), fomentent des coups proches de ceux du couple légendaire des Liaisons Dangereuses.

Le personnage de psychanalyste campé avec jubilation et malice par Eric-Emmanuel Schmitt permet à ce dernier de poser un regard distancié et souvent philosophique sur cette société mondiale actuelle qui ne sait plus se parler à elle-même autrement que par le truchement d’outils (SMS, mails) ou par le recours à une tierce personne, notre fameux psy…

Un beau moment de théâtre et d’élégance qui lance cette seconde saison théâtrale 2014/2015…

Laetitia Heurteau

Culture-Tops.fr - « Un magicien des mots »

THÈME

Adam, psychanalyste, et Louise, avocate, se sont quittés après cinq ans d’une folle passion. L’un vit à Paris, l’autre à Montréal. Un océan les sépare, mais ils n’arrivent pas à rompre ni, au fond, ne veulent rompre ; tout est prétexte à ne pas lâcher prise. Ils se lancent un défi, comme un jeu: quelle alchimie provoque la passion amoureuse ?  Qu’y-a-t-il derrière la quête de l’élixir d’amour ? Est-ce un simple transfert, une situation psychanalytique ? C’est alors un échange de mails incessants, savoureux, caustiques, tendres, cruels, manipulateurs et surtout très révélateurs de la force du lien qui les unit. La morale:  est bien pris qui croyait prendre !

POINTS FORTS

  • Un décor sobre où tout est dit: la scène, comme coupée en deux parties égales, où va se livrer ce duel épistolaire. Une photo de Paris d’un côté, de l’autre une de Montréal. Chacun son bureau. Seul un banc relie les deux univers, comme un trait d’union. Une mise en scène bâti sur l’effet miroir.
  • Un duo d’acteurs, ou plutôt de personnalités, hors du commun, qui se révèlent des comédiens plus que  crédibles dans cette introspection de la relation amoureuse:

    - Marie-Claude PetraGalla: l’héroïne, Louise, l’amante blessée mais acérée, fragile mais hautaine et incisive.      - Eric Emmanuel Schmitt: Adam, en mâle dominant, misogyne à la Guitry, revendiquant haut et fort sa liberté : «  les femmes aiment l’amour, les       hommes le font »

  • Une écriture assassine, rapide; une véritable joute verbale, un affrontement continu, chacun cherchant à convaincre l’autre; de belles formules, des traits d’esprit; on passe du sadisme à l’humour, de la haine à la tendresse. Des phrases qui sonnent juste, comme un écho qui résonne dans le fond de chacun de nous. On est touché au coeur: «  l’amitié est le mouroir de l’amour, je hais l’amitié ».
  • Un moment très fort, remarquablement vécu par Petragalla: quand Louise vit en direct l’émotion vibrante du corps, entraînée, envahie, happée par la musique puissante de l’opéra de Wagner, ‘Tristan et Yseult.’ Une interprétation puissante, voluptueuse, douloureuse.  

POINTS FAIBLES

Je n’en ai pas trouvé, si ce n’est que j’aurai adoré plus de chorégraphie de la part de l'exceptionnelle Marie-Claude Petragalla...

EN DEUX MOTS ...

Un magicien des mots, de la formule; une dissertation sur l’amour, le déclenchement, le pourquoi, le comment, avec toute la panoplie des sentiments: une échelle extensible à l’infini entre l’Eros et l’Agape !

UNE PHRASE

Deux, car il y en a tant:

 - «  c’est facile d’être amoureux et difficile d’aimer »

 - « l’amour a dû être inventé pour poétiser la vie »

Coup de théâtre - « un bien joli titre pour un doux secret que tout le monde aimerait percer… »

La pièce décrit la relation épistolaire (email-laire !) d’Adam et Louise, anciens amants, aujourd’hui séparés. Après leur rupture, lui, psychanalyste et séducteur impénitent, est resté vivre à Paris. Elle, brillante avocate dans un cabinet international, s’est installée à Montréal pour faire le deuil cette relation. Malgré la distance et les années qui ont passé, ils continuent de s’écrire frénétiquement, cherchant à suivre le fil de leur vie. Mais alors qu’Adam semble fort à son aise dans une vie sentimentale très libre, Louise, plus sage, lui lance le défi de trouver l’élixir d’amour, capable de rendre n’importe quelle femme amoureuse. Envie de vengeance ou désir de reconquête inconscient d’un homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer ? Il faudra attendre l’épilogue (fort réussi d’ailleurs) pour le découvrir.

Pendant 75 minutes, on assiste ainsi à ce dialogue piquant savoureux entre provocations mouchetées, règlements de compte et petites ruses, qui permet à Éric-Emmanuel Schmitt d’explorer délicieusement des thèmes universels qu’il affectionne : les méandres de la passion amoureuse, les mystères de la séduction, la lassitude de l’amour. Le texte est beau, les mots sonnent juste. « J’espère que le spectacle apportera un juste miroir de nos ambiguïtés amoureuses, tragiques et comiques à la fois », indique-t-il dans sa note d’auteur.

Au final, une charmante pièce qui ne manque pas d’atouts, à commencer par la très belle présence scénique d’Éric-Emmanuel Schmitt qui, rappelons-le, n’est pas comédien professionnel. Pour en être l’auteur, il maîtrise son texte à la perfection qu’il goûte avec une aisance et un plaisir exquis. Tiré à quatre épingles, l’oeil malicieux, la voix suave, un brin goguenard, il navigue avec beaucoup de fluidité dans les états d’âme de son personnage, tout aussi convaincant dans la palette des sentiments qu’il interprète (mélancolie, déception, ruse ou ironie). À ses côtés, Marie-Claude Pietragalla, ex-danseuse étoile de l’Opéra de Paris, fait ici ses tout premiers pas de comédienne. Certes le ton est plus emprunté et le trac palpable, mais elle campe honorablement son personnage. Côté mise en scène, même si je l’ai trouvée un peu trop statique, de jolies trouvailles, comme l’idée pour les comédiens de dialoguer sans jamais croiser une seule fois leurs regards. La pièce est aussi très élégamment ponctuée de belles parenthèses musicales sur fond d’opéra italien qui permettent à Marie-Claude Pietragalla de dévoiler sa magnifique gestuelle de danseuse étoile : magie immédiate !

 

La pièce décrit la relation épistolaire (email-laire !) d’Adam et Louise, anciens amants, aujourd’hui séparés. Après leur rupture, lui, psychanalyste et séducteur impénitent, est resté vivre à Paris. Elle, brillante avocate dans un cabinet international, s’est installée à Montréal pour faire le deuil cette relation. Malgré la distance et les années qui ont passé, ils continuent de s’écrire frénétiquement, cherchant à suivre le fil de leur vie. Mais alors qu’Adam semble fort à son aise dans une vie sentimentale très libre, Louise, plus sage, lui lance le défi de trouver l’élixir d’amour, capable de rendre n’importe quelle femme amoureuse. Envie de vengeance ou désir de reconquête inconscient d’un homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer ? Il faudra attendre l’épilogue (fort réussi d’ailleurs) pour le découvrir.

Pendant 75 minutes, on assiste ainsi à ce dialogue piquant savoureux entre provocations mouchetées, règlements de compte et petites ruses, qui permet à Éric-Emmanuel Schmitt d’explorer délicieusement des thèmes universels qu’il affectionne : les méandres de la passion amoureuse, les mystères de la séduction, la lassitude de l’amour. Le texte est beau, les mots sonnent juste. « J’espère que le spectacle apportera un juste miroir de nos ambiguïtés amoureuses, tragiques et comiques à la fois », indique-t-il dans sa note d’auteur.

Au final, une charmante pièce qui ne manque pas d’atouts, à commencer par la très belle présence scénique d’Éric-Emmanuel Schmitt qui, rappelons-le, n’est pas comédien professionnel. Pour en être l’auteur, il maîtrise son texte à la perfection qu’il goûte avec une aisance et un plaisir exquis. Tiré à quatre épingles, l’oeil malicieux, la voix suave, un brin goguenard, il navigue avec beaucoup de fluidité dans les états d’âme de son personnage, tout aussi convaincant dans la palette des sentiments qu’il interprète (mélancolie, déception, ruse ou ironie). À ses côtés, Marie-Claude Pietragalla, ex-danseuse étoile de l’Opéra de Paris, fait ici ses tout premiers pas de comédienne. Certes le ton est plus emprunté et le trac palpable, mais elle campe honorablement son personnage. Côté mise en scène, même si je l’ai trouvée un peu trop statique, de jolies trouvailles, comme l’idée pour les comédiens de dialoguer sans jamais croiser une seule fois leurs regards. La pièce est aussi très élégamment ponctuée de belles parenthèses musicales sur fond d’opéra italien qui permettent à Marie-Claude Pietragalla de dévoiler sa magnifique gestuelle de danseuse étoile : magie immédiate !

Publications

  • En langue française, édité chez Albin Michel

Au théâtre

Au théâtre Rive Gauche, première janvier 2015, mise en scène Steve Suissa.

Distribution : Marie-Claude PIETRAGALLA et Eric-Emmanuel SCHMITT

Scénographie (décors) : Stéfanie JARRE,

Lumières : Jacques ROUVEYROLLIS,

Costumes : Pascale BORDET,

Son : Maxime RICHELME