Résumé

Oscar, garçon de dix ans, séjourne à l'hôpital des enfants. Ni les médecins ni ses parents n'osent lui dire la vérité sur sa maladie. Seule Rose, femme à l'air bougon, venue livrer ses pizzas, communique avec lui sans détour. Pour le distraire, Rose propose un jeu à Oscar: faire comme si chaque journée comptait désormais pour dix ans. Elle lui offre ainsi une vie entière en quelques jours.

Pour qu'il se confie d'avantage, elle lui suggère aussi d'écrire à Dieu. Dans ses lettres, Oscar avoue ses douleurs, ses inquiétudes, ses joies, son premier amour, le temps qu passe...
Une amitié singulière naît entre Oscar et Rose. Tous les deux sont loin d'imaginer à quel point cette complicité va bouleverser leur destin.

Critiques

Cinema.ch - « Une adaptation réussie. Emouvante, drôle, sincère. »

Un hôpital vétuste au milieu de nulle part. Un personnel aux aguets, aux allures de poupées. Des enfants malades, malicieux à souhait. Des règles, bien comme il faut. Nous atterrissons dans un monde à part, pourtant bien réel. C'est Oscar, 10 ans, qui nous ouvre la porte. Il est subjuguant: dès les premières minutes du film, sa simplicité nous attendrit. Atteint d'un cancer, il fait preuve d'une maturité incroyable pour un enfant de son âge: des réflexions d'adulte sortent de sa bouche. Amir Ben Abdelmoumen interprète ce jeune homme extraordinaire. Tout porte à croire qu'il se confond avec son personnage: à tout moment, son ton, son jeu, sonnent juste. Michèle Laroque l'accompagne. La dame Rose, c'est elle: une femme au caractère explosif, pouvant toutefois se montrer douce et compréhensive. Michèle Laroque fait ressortir ces multiples facettes avec brio. Elle joue des traits de caractère de son personnage et se l'approprie entièrement. Entre elle et Amir, une complicité est bien visible, le duo est sur la même longueur d'onde: ensemble, ils bâtissent une forteresse. Difficile de ne pas se laisser emporter par leur histoire... Et par l'émotion.Le génie d'Eric-Emmanuel Schmitt, c'est d'avoir entrepris d'adapter lui-même son livre sur le grand écran: l'écrivain termine ce qu'il a commencé. Il ne se contente toutefois pas de transformer son texte original en un scénario: il l'agrémente d'éléments nouveaux, en développent d'autres, lui donnant davantage de profondeur. Ainsi, Rose, dont on ne connaissait rien - ou presque - de la vie privée, est mise en avant. L'auteur nous plonge dans le monde de cette femme aux airs de super-héroïne. Il l'humanise en nous montrant son quotidien et ses faiblesses, met le doigt sur les difficultés auxquelles elle est confrontée en prenant Oscar sous son aile. En effet, s'occuper d'un enfant malade n'est pas chose facile. Rose y parvient pourtant avec une justesse remarquable. Peut-être parce qu'elle sait rester elle-même, dans toute situation, osant, sans chichis, aborder des sujets grinçants tels que la maladie et la mort.Le génie d'Eric-Emmanuel Schmitt, c'est aussi d'avoir su filmer deux réalités différentes - celle de Rose et celle d'Oscar - avec des yeux d'enfants. De ne pas les avoir dissociées, d'avoir montré qu'il est possible de les imbriquer, que tout homme peut garder en lui une simplicité, une force première. Cela est notamment visible au niveau de la réalisation: les images sont épurées, oniriques. La magie règne partout et la musique, composée par Michel Legrand, nous le rappelle. Elle nous gagne, nous submerge, nous ramenant difficilement à la réalité une fois le générique lancé.Oscar et la dame Rose, c'est un vrai trésor. Amour, espoir le compose. Loin de nous effrayer, il nous rassure, et nous permet d'appréhender autrement la maladie enfantine. »Critique par Prune Karlen 

L'événement - « « La profondeur, oui, le sérieux papal, non » »

Du roman à la scène et de la scène à l'écran, ce comte philosophique n'a rien perdu de son éclat. Schmitt lui-même le jugeait pourtant inadaptable au cinéma, puisque l'essentiel du texte tient dans les lettres adressées par le gamin à Dieu. Il a donc remanié en profondeur le récit et développé le personnage de Mamie-Rose, spécialement écrit pour Michèle Laroque...

Face à elle, le jeune Amir incarne avec une maturité étonnante un Oscar tantôt espiègle, tantôt meurtri, mais jamais cabotin.Si le film propose une belle méditation sur le déni de la mort dans notre civilisation et notre peur de l'inconnu, il est fertile en ruptures de ton, nettement mieux négociées que dans Odette Toulemonde, le premier long métrage de l'écrivain. On a même le droit à des séquences de pur burlesque mettant en scène les exploits imaginaires de Rose qui s'est inventé un passé de catcheuse pour distraire le petit malade.  « La profondeur, oui, le sérieux papal, non » : telle pourrait être la devise de Schmitt.

Olivier Lecomte

Excessif - « Un émerveillement ... »

...Chaque minute du film devient pour le spectateur un émerveillement mais aussi l'occasion de saluer cette destinée tragique savamment mise en scène...

Du catch et des danseuses étoile 

La musique de Casse Noisette, qui marque les moments forts du film, rappelle sans cesse l'aspect merveilleux de cette histoire. Impossible d'ailleurs de ne pas faire un parallèle entre les deux contes, lorsqu'au beau milieu d'un combat de catch raconté par Rose surgit la danseuse étoile du ballet de Tchaïkovski.  Dans cette scène surréaliste, le réalisateur parvient à mêler l'univers du catch, de la danse mais aussi du cirque, comme pour nous montrer qu'il faut abolir les frontières entre la violence de la maladie et la gaieté innée des enfants. Comme pour souligner que la mort inexorable peut quelquefois frôler les rêveries futiles de l'enfance sans jamais les abîmer. C'est précisément ce qu'Eric-Emmanuel Schmitt fait avec Oscar et la dame rose.

Le Pèlerin - « Un conte merveilleux »

Oscar et la dame rose nous plonge dans un sujet à priori insoutenable : la mort annoncée d'un enfant malade. Mais l'écrivain-réalisateur en fait un conte merveilleux...

Cette adaptation réussie, sans pathos, devrait séduire les parents qui souhaitent aborder avec leurs enfants la question délicate de la maladie et de la mort.

France soir - « Michèle Laroque est bouleversante »

Son livre et sa pièce avaient été des succès. Eric-Emmanuel Schmitt, qui passe derrière la caméra, ne déçoit pas et délivre une brillante adaptation d'Oscar et la dame rose....

Positif, ce conte aux échappées baroques parle de la mort sans tomber dans le pathos. Le résultat est pétri d'espoir.

Le Parisien - « Emouvant »

Sur un sujet très difficile, la grave maladie d'un enfant, il donne dans l'émotion tout en parvenant à traiter l'ensemble avec légèreté. Michèle Laroque, qui incarne Rose avec finesse, change totalement de registre et fait passer une formidable humanité dans le personnage.

Alain Grasset

F ! Mag - « Un voyage d'une grande humanité »

La poésie et l'humour viennent alléger l'austérité suscitée par la mort éminente d'Oscar. La prestation généreuse de Michèle Laroque et le message bienfaisant qui se dégage de cette fable réussissent au final à nous embarquer dans un voyage d'une grande humanité dont on ne ressort pas indemne.

Journal du Dimanche - « Une fable touchante »

... Une fable touchante et audacieuse dans le propos... entre spiritualité, angoisse de la mort et scènes burlesques, Oscar réussit à émouvoir. Michèle Laroque, très juste, incarne la Dame rose et Amir révèle un talent prometteur.

Prima - « Une merveille d'émotion »

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Version Femina - « Notre film préféré »

La poésie de l'auteur réalisateur et le talent de Michèle Laroque, une livreuse de pizza râleuseuse qui se prend d'affection pour le gamin en font un film poignant. Entre rouspétance et panache, fraîcheur et profondeur, cette actrice hors pair illustre toute la vitalité et l'humour de son personnage. Face à elle, le jeune Amir, avec ses grands yeux pétillants de malice, s'en sort très bien.

Grâce à une mise en scène enlevée, Eric-Emmanuel Schmitt, réussit à nous faire entrer dans la relation complice qui unit ses deux héros. Comme le petit garçon, on attend, impatient, les visites de la dame rose, qui lui propose, pour le distraire, des jeux et une correspondance avec Dieu. Divine, cette très jolie comédie dramatique l'est vraiment.

H.M.

Le Figaroscope - « Un trésor d'intelligence et de coeur »

... ce conte de délivrance est un trésor d'intelligence et de coeur. Avec sa fantaisie élégante et précise, Michèle Laroque la note juste face au petit Amir: à hauteur d'enfance, avec ce que cela exige de lucidité et de grandeur. Il s'agit de vivre, avec ardeur, avec ferveur, d'aimer, d'admirer, de chercher ce qui est vrai, de donner à chaque instant sa plénitude.
Une magnifique aventure.

Marie-Noëlle Tranchant

TéléCinéObs - « Formidable de sensibilité et d'intelligence »

Sur le thème douloureux des derniers jours d'un enfant malade, Eric-Emmanuel Schmitt évite tout pathos. Michèle Laroque est tout en tendresse rêche, et le jeune Amir, formidable de sensibilité et d'intelligence.

La Croix - « Toutes les promesses de l'existence »

Le film permet une saisissante mise en image, entre esthétique de cirque et Grand-Guignol et de cartoon, des souvenirs de catcheuse de Rose, plus fantasque et inventive que jamais dans le récit de ses combats. Michèle Laroque campe une femme tendre et abrupte, encombrée par les difficultés quotidiennes, incapable d'accepter les sentiments de son amant et les siens. Contrainte d'accompagner Oscar, elle abandonne, auprès de lui, à ce qui la constitue fondamentalement, la douceur, sans renoncer à ses aspérités.
En face d'elle, le jeune Amir touche par la sensibilité et l'intelligence de son jeu.

C.R.-N.

Le Figaro - « Un conte pour vivre mieux »

Déjà succès de théâtre, Oscar et la dame rose mérite une aussi belle carrière à l'écran.
Comment admettre la mort d'un enfant ? L'histoire d'Oscar n'élude pas la question, ne fait pas de miracle et ne se termine pas bien au sens conventionnel du mot. Le miracle, c'est la vie, pleinement vécue, avec élan, avec ferveur, avec émerveillement.
Qui peut vraiment dire où elle s'arrête ?

Le dialogue entre Michèle Laroque et Amir et magnifique.

Ici Paris - « Courez voir ce film aux vertus thérapeutiques et à  la grande humanité ! Formidable ! »

Ce film, totalement bouleversant, est magnifique. Parfaitement réalisé et interprété avec justesse et retenue, Oscar et la dame rose est un joli conte de Noël.

Même si l'on évoque l'histoire de ce petit garçon si attachant qui va mourir, on en ressort optimiste, heureux, avec l'envie de dire je t'aime et de revoir les personnes avec lesquelles nous sommes fâchés, souvent sans vraie raison. Courez voir ce film aux vertus thérapeutiques et à la grande humanité ! Formidable !

Bernard Montiel

Critiques des blogs

StudioCiné Live Blog - « Le talent n'attend pas le nombre des années »

(...)Michèle Laroque est impeccable de tendresse dans un rôle casse-gueule, aidée par le jeune Amir, dans le rôle d'Oscar, prouve une nouvelle fois que le talent n'attend pas le nombre des années.

Fabrice Leclerc

Publications

Deuxième film de Eric-Emmanuel Schmitt

  • Sortie France et Suisse: 9 décembre 2009
  • Sortie Belgique: 16 décembre 2009
  • Sortie Canada: 26 février 2010

Avec Michèle Laroque, Amir, Max Von Sydow, Mylène Demongeot, Amira Casar,...

Interviews

Interview Eric-Emmanuel Schmitt

D'où vient votre envie de faire du cinéma ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Peut-être du fait qu'enfant, dans ma famille, le cinéma n'appartenait qu'à moi. Ni mes parents ni ma sœur ne regardaient des films, surtout pas ceux du ciné-club, à la télévision. Je savourais donc seul ma tranche cinéphilique, pendant laquelle je découvrais Lubitsch, Max Ophüls, Cocteau, Sirk, des cycles Greta Garbo ou Marlène Dietrich... C'est toujours la mise en scène qui m'a intéressé au cinéma, comment on raconte une histoire en la rendant passionnante.

J'ai d'emblée rêvé de faire du cinéma... et puis j'ai oublié ! J'ai oublié parce que je me suis emparé d'un autre moyen d'expression : l'écriture. Me révélant au théâtre d'abord, puis dans le roman. Je demeurais cinéphile autant que « cinéphage » et c'est par une sorte de malentendu que le cinéma est arrivé avec Odette Toulemonde : on m'a fait confiance parce que je multipliais les succès en librairie et sur les planches.
Or, sur ce premier film, je le savais, j'avais tout à apprendre : le travail en équipe, la technique même si j'avais déjà un peu potassé, la direction d'acteurs, le montage...Une tension abominable ! Je devais prouver qu'on avait eu raison de me faire confiance.

Comment est venue l'envie d'adapter Oscar et la dame rose? En réaction à de précédentes adaptations de vos livres ou par simple envie ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

C'était un pur désir, pas la volonté de corriger quoique ce soit ou de donner une leçon. Surtout pas. J'avais le sentiment d'avoir rendez-vous avec Oscar et la dame rose depuis longtemps mais je ne voulais pas m'y risquer en premier film. Il fallait d'abord que je m'exerce la main sur un sujet aisé, léger, simplement charmant, ce que j'ai tenté avec Odette Toulemonde.

Quel souvenir gardez vous de la création d'Oscar et la dame rose ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Oscar a été un succès inattendu et fulgurant. Inattendu parce que traitant d'un sujet tabou : la maladie d'un enfant et, inexorablement, sa mort. En l'écrivant - pour une nécessité intérieure - je me suis dit : « S'il y a un livre que le public peut me refuser, c'est bien celui-là ». Et ça a été tout le contraire. Oscar et la dame rose a complètement changé ma « carrière ». Je suis devenu un auteur populaire. Ce conte est entré dans le cœur des gens. Les premiers lecteurs ont été les médecins qui l'achetaient par dizaines pour le donner à leur personnel en clinique ou à certains malades. Ce livre non médical a exceptionnellement reçu un prix de l'Académie de Médecine, le prix Hamburger, qui a estimé qu'Oscar et la dame rose contribuait à l'humanisation de l'hôpital et permettait de mieux comprendre la situation du malade. Le deuxième vecteur du succès a été les jeunes : des enfants de l'âge d'Oscar, dix ans, se sont mis à le lire, à se le recommander, à le passer à leurs parents, grands-parents. Du coup, le livre est devenu trans-générationnel. Il est resté 160 semaines dans la liste des best-sellers ! Et il est traduit, continuellement réimprimé, dans une quarantaine de langues.

Vous dites : « J'avais déjà certaines images dans la tête » au moment de l'écriture du roman.
Sont-elles revenues au moment de l'adaptation ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Oui. Tout l'environnement de l'hôpital, le médecin, les enfants, la fuite... Tout ça, je l'avais complètement visualisé dès la première rédaction en songeant : « Dans un film, ces séquences nous permettraient de sortir de l'hôpital »...

L'adaptation a-t-elle été facile à écrire ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Elle a demandé une maturation très longue. D'ailleurs, au début, quand des producteurs et des cinéastes me demandaient les droits du livre, je leur répondais que c'était inadaptable. Sincèrement. Je leur disais : « On ne peut pas montrer un enfant qui souffre ; si on le voit, on n'entend plus ce qu'il dit... ».

Vous êtes-vous posé ces questions au moment d'écrire le film ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Evidemment ! Comme pendant des années j'ai passé mon temps à dire aux autres que c'était inadaptable, je me posais les questions et, progressivement, je résolvais les difficultés de l'adaptation. Ce qui m'a complètement décidé, c'est quand j'ai eu l'idée que le film n'offrirait pas seulement l'histoire d'Oscar mais aussi celle de la dame rose, alors que le livre n'exprime que le point de vue de l'enfant.

Le long métrage apporterait alors les mêmes émotions fondamentales que le récit mais ajouterait quelque chose de plus : le parcours de la dame rose.
Comment devient-on capable d'aller tous les jours dans un hôpital pour enfants ? Comment peut-on supporter ce qui est insupportable ? Comment trouve-t-on en soi la force d'aider les autres, de croire en la vie alors qu'elle ne dure pas ? Je ne voulais pas que la dame rose soit une sainte : elle est vivante, elle a une sexualité, elle a des problèmes financiers, comme tout le monde... Elle ne « répare » pas non plus une faute qu'elle se reprocherait. L'enfant va la révéler à elle-même. Leur histoire d'amour est double : Rose change la vie d'Oscar, Oscar change la vie de Rose. Ce gamin lui fait découvrir qu'elle est douée pour réfléchir, pour accompagner, qu'elle détient en elle des trésors de générosité insoupçonnés. Au fond, il la fait naître. Tandis qu'elle l'aide à mourir. Quand j'ai compris ça, je me suis dit que ça valait le coup.

Une des principales difficultés était de trouver les bons interprètes. Quand avez-vous pensé à Michèle Laroque ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Michèle ça a été une évidence avant même de commencer l'écriture. Il y a chez elle cet aspect acide, aigu, énervé, bourru du personnage que j'avais vu, avec en même temps une certaine élégance, une vraie tendresse, une humanité... Je me suis dit qu'elle avait à la fois les épines et les pétales nécessaires pour jouer une rose...

Et Amir dans le rôle d'Oscar? Comment l'avez-vous trouvé ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Ma grande panique, c'était de ne pas trouver l'enfant. Quand on avançait dans la préparation, je répétais : « Mais comment voulez-vous que je fasse un film avec un rôle principal que je ne connais pas. Je ne sais même pas s'il existe ! ». J'ai d'abord vu Amir sur cassette, en plan arrêté. Je me souviens m'être dit : « pourvu qu'il soit bon parce que physiquement c'est exactement ça ! ». Et dès qu'il s'est mis à parler - son timbre, sa voix, son intelligence, sa joie de vivre - j'ai tout de suite été convaincu, plus que ça, émerveillé. Je n'étais que le premier : il a bouleversé toutes les personnes qui travaillaient sur le film. Michèle a été subjuguée. Max von Sydow, du haut de son mètre quatre-vingt-dix-sept, a dit : « C'est un des meilleurs acteurs que j'ai rencontrés de ma vie ! ».
Amir, comme son nom l'indique, c'est un prince !

Vous avez réuni un casting des plus éclectiques pour ce film. Son seul talent suffit à justifier votre choix, mais pourquoi Max von Sydow ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Il appartient à mes plus grands souvenirs de cinéma. Dans ces cycles de ciné-club que j'évoquais, il y avait les films de Bergman. Bergman, aimait le cinéma parce que, disait-il, « c'est le théâtre des visages ». J'ai voulu faire du cinéma pour me rapprocher des visages. Et parmi eux il y a celui de Max von Sydow - qui a d'ailleurs failli jouer dans l'une de mes pièces. Il porte en lui la douleur et l'impuissance du docteur Düsseldorf, la vraie et belle faiblesse humaine sur un physique de géant. Il entrait dans ma logique de conte... Alors je l'ai contacté... et je suis tombé sur un de mes lecteurs ! Max avait lu Oscar et la dame rose, L'évangile selon Pilate...Ça a collé tout de suite entre nous.

D'où vous est venue l'idée d'Amira Casar pour jouer l'infirmière en chef ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Dans la manière dont le rôle était écrit, on pouvait penser qu'il exigeait une femme de 55 ans, un peu ravagée, frustrée. Alors que moi je voyais une très belle femme dans le genre « duty first » - le devoir d'abord. Alors j'ai pensé à Amira dont la beauté est un bonheur à l'écran et qui aime les compositions. Elle et moi avons créé ensemble ce personnage de femme d'abord fonctionnelle, vaguement amoureuse du docteur Düsseldorf, ne comprenant pas comment cette cruche de Rose arrive à avoir un meilleur rapport qu'elle avec les patients.

Mylène Demongeot aussi vient du cinéma de votre enfance, des Fantomas ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Oui. Je pensais qu'elle pouvait figurer la mère de Michèle Laroque et j'ai écrit le rôle pour elle. Une mère restée dans l'enfance, un peu cucul la praline, une ancienne fée... elle nous permet de comprendre la résistance de Rose à toute sentimentalité. Point commun : elles sont bourrues toutes les deux, dotées de beaucoup plus de cœur qu'elles n'acceptent d'en montrer. Elles se protègent de leurs émotions, de la vie, de l'amour... or il y a des moments où l'on ne peut pas se protéger. Mylène, comme femme et comme actrice, comprend tout cela.

Le tournage des scènes entre Oscar et Rose était-il difficile ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

C'était extrêmement éprouvant émotionnellement. Mais on avait réellement envie d'aller sur le tournage chaque matin! J'ai remarqué que, sur ces séquences difficiles, c'était souvent les enfants qui nous mettaient à l'aise. Le jour où j'ai montré son costume final, blanc, à Amir, il m'a dit : « Chouette ! Mon pyjama pour mourir ! ». C'est nous, adultes, qui souvent compliquons les choses. Eux sont heureux de jouer, de raconter une belle histoire, d'incarner des personnages, d'exprimer des sentiments... Pourquoi perdons-nous cette insouciance sous prétexte de maturité ?

Etait-ce difficile au moment du montage de trouver le juste équilibre émotionnel ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

La justesse, c'est mon obsession. La justesse du dialogue, la justesse du jeu, la justesse de l'émotion est ce que je recherche à tout prix... Mais c'est quelque chose de subjectif, pas comme la justesse en musique. Quel métier ! Rechercher sans cesse quelque chose d'impondérable... Pour en revenir au montage, j'ai essayé de laisser la place au spectateur pour qu'il éprouve ses propres émotions. Michel Legrand m'a beaucoup aidé. Au fur et à mesure qu'il découvrait le montage, il me demandait de lui laisser le temps de vivre ses sentiments, d'en écrire la musique... Michel Legrand et moi, nous avons une amitié qui dure depuis plusieurs années et, pour Oscar, c'est lui qui m'a poussé, moi, l'écrivain, à faire confiance aux seules images sans dialogues - donc à la musique !

Avez-vous eu une appréhension à filmer la mort d'Oscar ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

Epouvantable. Max était bouleversé. Michèle, entre chaque clap, cédait aux émotions qu'elle avait retenues pendant la prise. Quant à moi, pour une fois, je restais rivé à mon combo car si je parlais à quelqu'un sur le plateau je me mettais à pleurer... Les techniciens fixaient le plafond avec les yeux rouges. On a fini par en rire, naturellement : avec Michèle, on nommait ce genre de moment les « journées oignon » ! Tout le monde sur le tournage, des enfants aux techniciens, avait envie de raconter cette histoire-là et cela impliquait un rendez-vous avec de nombreux pics émotionnels. Pour moi, c'était violent ; je suis habitué à être ému tout seul quand j'écris. Là, avec le cinéma, j'ai découvert la beauté de partager ces émotions.

Est-ce que l'enfant que vous étiez, a trouvé sa part d'émerveillement dans Oscar et la dame rose ?

Eric-Emmanuel Schmitt :

En tout cas l'enfant que je suis a pris un plaisir infini à tourner les matchs de catch ! À plonger dans le burlesque et l'assumer. En fait, c'est Oscar qui a filmé ces scènes... Quand on ne peut plus être sauvé par la médecine, on peut être sauvé par l'humour et l'imagination.

Interview Michèle Laroque

Eric-Emmanuel Schmitt dit avoir écrit l'adaptation d'Oscar et la dame rose pour vous. Vous le saviez ?

Michèle Laroque

Oui. Eric-Emmanuel m'a proposé le personnage avant même qu'il n'en écrive l'adaptation, il m'a dit que le choix était évident pour lui, j'ai alors immédiatement eu une confiance totale en lui. Comme j'avais lu le livre, j'ai dit oui sans même savoir précisément ce que le personnage pouvait devenir, si ce n'est qu'il voulait le rajeunir. Pouvoir jouer un tel rôle est l'un des plus beaux cadeaux que l'on puisse faire à une actrice.

Avez-vous eu une appréhension au moment de lire le scénario ?

Michèle Laroque

Non. Je n'ai eu aucun doute. Il y a trop de choses magiques qui se sont passées depuis le début sur ce film. J'ai d'ailleurs eu la même impression en le découvrant pour la première fois. Oscar est sublime, il vient de je ne sais quelle planète.

Comment avez-vous abordé le personnage de la dame rose ?

Michèle Laroque

Comme une enfant curieuse qui s'adresse à un autre enfant. Lors de sa première rencontre avec Oscar, il lui dit qu'il a passé la matinée dans un placard et elle lui répond : « Et c'était bien ? ». Il n'y a pas un adulte qui réagisse comme ça. C'est très important de garder la part d'enfance qui est en nous, ça dédramatise les choses et ça permet d'avancer dans la vie d'une façon extrêmement ludique et heureuse.

Quand on doit jouer un personnage confronté à des situations aussi fortes, est-ce facile d'être juste, de ne pas trop en faire ?

Michèle Laroque

À partir du moment où l'on ressent de vraies émotions, et que cela est sincère, on ne peut pas se tromper. C'est vrai avec n'importe quel type d'émotions, que ce soit les rires ou les larmes. Je suis une actrice de comédie et tous les acteurs de comédie ont beaucoup de pudeur donc il n'y a pas le souci d'aller trop loin dans l'émotion ou de s'y complaire. En plus Eric-Emmanuel a une approche du sujet qui est extrêmement apaisante, légère, aérienne même.

Comment s'est déroulé le tournage ?

Michèle Laroque

Je n'ai pas eu l'impression d'avoir grand-chose à faire. Tout était évident. En général lorsque l'on joue un personnage qui doit ressentir des émotions, on doit travailler, et aller les chercher. Là, j'ai passé mon temps à les réfréner.

Vous commencez à jouer des personnages, comme la dame rose, plus ouvert aux émotions...

Michèle Laroque

C'est vrai. J'ai certainement moins peur aujourd'hui d'être confrontée à mon hypersensibilité et j'y arrive mieux. Mais je n'aurais pas pu le faire à 20 ou à 30 ans. Heureusement, c'est aujourd'hui qu'on me propose ces rôles qui me permettent d'exprimer ça. C'est quelque chose qui doit certainement émaner de moi.

Le fait d'avoir déjà joué avec un enfant dans Ma vie en rose de Alain Berliner vous a-t-il facilité les choses?

Michèle Laroque

Oui et j'avais confiance en Eric-Emmanuel. Je savais qu'il allait choisir un enfant sublime, hors du commun. Le petit Amir a une telle intelligence !

Comment s'est passée la rencontre avec Amir ?

Michèle Laroque

On a fait un petit essai... La scène de la chorale où il me présente tous les enfants du service, il a été tout de suite parfait. Quand on lui demandait de faire quelque chose de différent, il le faisait immédiatement. Il comprend tout. Je n'avais qu'à répondre, qu'à réagir et c'était juste. C'est facile d'être en face de lui : on ne joue pas, on est ! C'est une vraie histoire d'amour avec Amir. Il y a quelque chose de très fort entre nous, même si on se voit moins maintenant. Je sais que j'ai vécu une expérience intense en tournant ce film, pas seulement en tant qu'actrice. C'est l'aventure humaine que nous avons vécue, qui me reste quand je vois Oscar et la dame rose.

Quel metteur en scène est Eric-Emmanuel Schmitt ?

Michèle Laroque

Il est très confiant, très calme, très doux... Il est aussi très pointu : il sait exactement ce qu'il veut mais en même temps, il sait écouter et recevoir. J'en parlais avec le décorateur, Jean-Jacques Gernolle, qui me disait : « C'est fou l'espace qu'il nous a laissé malgré tout ». C'est son sujet, il le connaît parfaitement, il a écrit ce livre, il en a rêvé mais il n'avait aucune crainte, il ne nous communiquait aucun stress, aucune tension. Lorsque parfois, il y avait des contresens sur des répliques, Eric-Emmanuel nous expliquait d'une manière admirable, comme peu de réalisateurs savent le faire, comment rectifier le tir.

Parlez-nous de votre rencontre avec Max Von Sydow...

Michèle Laroque

Ce fut une grande rencontre, c'est un très grand honneur d'avoir pu jouer avec lui. Son regard sur les autres est vraiment exceptionnel et généreux. On s'est beaucoup amusé... Quand on tournait, Max me disait : « C'est fabuleux Michèle de savoir qu'on est en train de tourner un film extraordinaire. Et souvenez-vous toujours de ça car c'est très rare ! ». Quand Max von Sydow, du haut de toute sa carrière, vous dit ça, ça vous donne des ailes ! Il ne m'a jamais dit directement ce qu'il pensait de mon personnage et des scènes que l'on jouait, mais il le disait à Eric-Emmanuel qui me le répétait, et ça m'encourageait. J'ai beau ne pas avoir de doutes, je reste pleine d'humilité vis-à-vis de mon métier : sur un tournage, je me donne de tout mon cœur, mais parfois je sais que je rate certaines choses, je ne suis pas toujours contente de mon travail. Alors forcément les encouragements me font du bien, et encore plus lorsqu'ils viennent de Max von Sydow.

Est-ce que l'on redescend sur terre quand on se retrouve à jouer une scène face à un enfant mourant ?

Michèle Laroque

Et bien justement non ! Les dialogues étant extrêmement apaisants, ça allège tout, ça enlève les peurs qu'on peut avoir. Ce que Rose dit à cet enfant, c'est aussi une façon de se rassurer elle-même. Cette sagesse fait que l'on n'est pas du tout dans le pathos, dans l'idée que se font les gens de la mort et de la maladie. C'est un film extrêmement rassurant.

Et Mylène Demongeot ? C'est une maman rassurante ?

Michèle Laroque

Elle est magnifique! Je la regardais avec plaisir sur le tournage. En la voyant dans le rôle, on comprend pourquoi c'est compliqué pour la dame rose ! En même temps elle en a fait un personnage drôle, une enfant. C'est la plus enfant de nous tous.

Est-ce que l'enfant qui est en vous s'est amusé à jouer une catcheuse ?

Michèle Laroque

Oui bien sûr ! On dirait une bande dessinée. L'ancien metteur en scène du Cirque du soleil a travaillé sur ces scènes et a fait des merveilles.

Mais n'était-ce pas finalement les plus difficiles à jouer à cause des contraintes techniques ?

Michèle Laroque

C'est sûr. On était enfermé dans un studio au Canada, c'était long, il faisait -30 degrés dehors ! Ce qui était drôle en revanche, c'était de porter ces costumes, d'être face à des acrobates extraordinaires. Je trouve ça génial.

Quelle est votre réaction après avoir vu le film ?

Michèle Laroque

Cette rencontre avec ce personnage est unique dans une vie d'actrice. Oscar et la dame rose est un film porteur d'un message apaisant, léger, qui enlève les peurs et rend heureux. Et s'il y a une chose qui me rend heureuse dans la vie en général, c'est de faire passer des messages comme ça.

Première - Interview de l'équipe du film

Bande annonce

Oscar et la dame rose

Dossier de presse